Pyramide du Louvre : une naissance dans la douleur

Le 30 mars dernier, la pyramide fêtait ses 30 ans. Pour l’occasion, l’artiste JR l’avait faite disparaître, engloutie sous terre, en réalisant un incroyable trompe-l’oeil. Un événement populaire pour rassembler les parisiens autour d’un monument-totem de notre patrimoine. Pourtant, à l’origine, l’idylle entre les Français et l’oeuvre de Ieoh Ming Pei n’était pas évidente… Controversée, la pyramide de verre l’était assurément.

Ieoh Ming Pei nous a quitté aujourd’hui et laisse derrière lui une oeuvre disruptive et géniale. Hommage à la pyramide de Khéops, la réalisation de l’architecte sino-américain trône depuis la fin des années 1980 au centre de la cour Napoléon. Années après années, elle a su conquérir le public au point d’en devenir une « oeuvre » à part entière. Mais cette popularité, la pyramide l’a acquise de haute lutte dans le contexte de la querelle entre anciens et modernes.

En 1983, le Président François Mitterrand choisit Ieoh Ming Pei pour donner un nouveau souffle à un Louvre vieillissant. Un vent de modernité souffle sur la France et c’est l’ancienne demeure des rois de France – comme un symbole – qui sera l’écrin d’un projet fou (pour l’époque).

L’idée est d’introduire de la contemporanéité au coeur d’un ensemble classique et néo-classique. Il n’en faut pas plus pour que les conservateurs s’insurgent. Relayée par la presse, la colère enfle et divise la population. La structure en gestation est alors qualifiée de « Disneyland », d' »entonnoir » ou encore de « Maison des morts ».

Et Pei a beau dire que « l’important est en dessous« , que « la pyramide seule n’existe pas« , les censeurs du patrimoine enragent ! Certains disent que 90% de la population est contre cette « hérésie ». Et Mitterrand trinque. Le président se voit affubler de nouveaux surnoms exotiques : « Mitteramsès » ou « Tontonkhamon ». (Notons que les opposants au projet ont le sens de la formule !). Rien n’y fait, cette pyramide n’est pas encore sortie de terre mais elle est déjà scandaleuse.

Pourtant, le salut viendra d’un adversaire politique du président socialiste En 1986, convaincu du bien-fondé de l’entreprise, Chirac sauve le projet du marasme dans lequel il est englué. La pyramide naîtra !

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