SANAA, raffinement et sensibilité nipponne

Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, ces noms ne vous disent peut-être rien et pourtant vous n’avez pas pu échapper à leur emblématique réalisation : le Louvre-Lens. Kazuya et Ryue officient en tandem au sein de l’agence SANAA depuis 1995. Deux décennies et un prix Pritzker (2010) plus tard, les deux compères se sont imposés parmi les architectes les plus réputés du monde.
Dans la droite ligne de l’architecture contemporaine japonaise, SANAA allie tradition et modernité. L’agence travaille tout types de matériaux, froids (béton et verre) comme chauds (bambou et bois). Ces associations sous-tendent les énergies de leurs réalisations et créent une harmonie avec les éléments (air, terre, eau). Voici quelques unes de leurs réalisations :
Rolex Learning Center – Lausanne, Suisse

Parmi les bâtiments qui ont fait la renommée de Sejima et Nishizawa : le Rolex Learning Center au coeur du campus de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Vu du ciel, on dirait une fine couche légèrement bosselée de fromage suisse. En réalité, les trous qui émaillent le bâtiment – façon montres molles de Miró – sont des patios pensés pour absorber la lumière et ventiler les espaces intérieurs de ce grand rectangle.
Formé de deux coques convexes irrégulières posées sur un sol de béton armé et d’un toit de bois et d’acier, le Rolex Learning Center offre des lignes élégantes et épouse à merveille la topographie du terrain. Minimaliste, futuriste et tout en courbes, le centre s’intègre parfaitement à son environnement.


Le Louvre-Lens
Grâce à notre duo d’architectes nippons, Lens est désormais connue dans le monde entier pour autre chose que sa glorieuse équipe de football. Inauguré en 2012, le Louvre-Lens est le symbole d’une reconversion réussie. Celle d’une ancienne région minière sinistrée qui se développe grâce à la culture.
Avec ses 28 000 m², le musée s’est établi sur l’emplacement d’anciennes mines à charbon de la ville : la fosse n°9, en activité jusque dans les années 1980. Par la position légèrement surélevé de son terrain, nous aurions tôt fait de l’appeler l’Acropole lensoise si les architectes n’avaient décidé d’y bâtir une structure relativement basse. Ici, pas de verticalité, le musée, linéaire et horizontal, n’excède jamais les 6 mètres de haut. L’idée, assez délicate, est de ne surtout pas écraser le voisinage.

Composé de cinq volumes – un grand carré et quatre rectangle – reliés les uns aux autres par leurs angles, le musée est composé de formes simples pour fondre au mieux le bâti dans son environnement. Au centre de la composition se trouve le hall d’accueil de verre. Totalement transparent, il abreuve d’une lumière zénithale le niveau inférieur du bâtiment grâce à des plaques d’aluminium perforées qui parent son plafond. Les quatre autres modules présentent des parois extérieures en aluminium anodisé afin de refléter le parc et de la nature environnante.
« Nous essayons de mettre en œuvre des dispositifs qui permettent une transition douce avec l’environnement, par la transparence, les reflets ou l’ouverture directe sur l’extérieur. Qu’on ne sache pas où le paysage s’arrête et où commence le bâtiment, telle est le plus souvent notre intention. » Kazuyo Sejima & Ryue Nishizawa


Rénovation de La Samaritaine
En 2011, le projet de l’agence est choisi par la Ville de Paris pour la nouvelle Samaritaine. Le mythique grand magasin fondé en 1870 rouvrira après près de 15 ans de fermeture. Quelques modifications vont être apportées par le couple d’architectes. Notamment sa façade qui sera transformée en une gigantesque vague de verre de 25 m de haut. Le projet entend « projeter la Samaritaine dans le XXIème siècle » en associant respect du patrimoine, modernité et respect de la qualité environnementale. De grandes verrières, de la transparence, de la lumière… on retrouve ici la signature de Kazuyo Sejima & Ryue Nishizawa.

« Depuis l’ouverture du premier magasin en 1870, l’architecture de la Samaritaine n’a cessé d’évoluer, notamment sous l’impulsion de deux grands architectes novateurs : Frantz Jourdain et Henri Sauvage. C’est donc avec la volonté de préserver l’identité unique du lieu, en collaboration étroite avec les architectes des bâtiments de France, que le nouveau projet architectural a été conçu. A l’intérieur, nous avons voulu cours et verrières pour créer lumière et continuité ; à l’extérieur, une façade associant légèreté et transparence pour faire écho à l’esthétique rénovée des bâtiments historiques » Kazuyo Sejima & Ryue Nishizawa.
