Tours végétalisées… vers des villes vertes ?

Alors que les bâtiments élevés se caractérisent souvent par des lignes lisses et fluides, nous voyons émerger depuis quelques années des immeubles hirsutes aux parois végétalisées. Parées de jardins suspendus, d’arbres, d’arbustes et même d’espaces cultivables, ces tours d’un genre nouveau sont-elles l’avenir de nos villes polluées ?
Apparue dans les années 1990 en Europe, cette tendance des tours végétalisées séduit plus particulièrement la Suisse. C’est à Bâle que l’on dénombre le plus grand nombre de toitures végétales. Elle s’exporte également, notamment au Japon, en Chine et aux Etats-Unis.


Ce sont d’abord les toits qui sont exploités pour des raisons autant esthétiques qu’environnementales (biodiversité des zones urbaines, réduction de l’îlot thermique urbain). Pourtant, leurs surfaces relativement réduites limitent ses effets positifs. C’est ainsi que l’on a eu l’idée de végétaliser les murs afin d’accroître l’espace exploitable.
Pour le meilleur et parfois pour le pire ! Si le résultat est souvent une réussite esthétique, le bilan écologique de ces bâtiments est parfois controversé. Ils nécessitent en effet un arrosage intensif ainsi qu’un entretien qui emploie des produits pas toujours vertueux pour la planète.

La « forêt vertical », notre coup de coeur
Parmi les projets les plus séduisants, le Bosco Verticale de l’Italien Stefano Boeri est remarquable. A Milan, deux tours de respectivement 110m et 75m de haut offrent une panorama rafraîchissant de parois foisonnantes d’arbres et d’arbustes. Cerisiers, hêtres, pommiers, oliviers… l’on dénombre plus de 70 espèces sur ces balcons d’un genre nouveau.

Ces tours bucoliques accroissent l’espace vert de la ville et agissent comme un poumon pour l’ère urbaine milanaise. Grâce à cette « forêt verticale » plantée sur les balcons, les arbres absorbent le dioxyde de carbone, filtrent les microparticules et assurent une protection thermique.
Mais le Bosco Verticale est également vertueux pour la biodiversité. Les tours n’utilisent pas de pesticides pour l’entretien des végétaux. À la place, ce sont 9000 coccinelles qui luttent contre les parasites. Une solution naturelle, responsable et qui prouve que les insectes ne sont pas des nuisibles, bien au contraire ! De plus, les tours offrent un environnement propice à l’installation d’oiseaux. « Nous avons des petits faucons sur les toits, des martinets qui avaient disparu auparavant de la ville de Milan », s’enthousiasme Boeri.

Avec ses 20 000 arbres et plantes, le Bosco Verticale a été récompensé en 2015 du titre de l’immeuble le plus beau et le plus innovant au monde par le Council on Tall Buildings and Urban Habitat. Forte de ce succès, la forêt verticale de Boeri s’exporte partout dans le monde ! Notamment en Chine, à Nankin, où deux tours de 200 et 100 mètres de haut vont sortir du sol. L’objectif : lutter contre la pollution de ces agglomérations hyperactives. Ces deux tours contribueront « à la régénération de la biodiversité locale, permettront d’absorber 25 tonnes de CO2 chaque année et produiront environ 60 kg d’oxygène par jour« , explique l’architecte.
